Ce vendredi 6 décembre, après des années de négociations et d’intenses discussions, l’accord commercial UE-Mercosur sera officiellement adopté lors du sommet du Mercosur à Montevideo, en Uruguay malgré des préoccupations majeures en matière d’environnement, d’agriculture et de justice sociale.
La Commission européenne avait par ailleurs largement exclu le Parlement européen de ce processus, et cette semaine, une représentante de la Commission est venue à la réunion du comité du commerce international uniquement pour une présentation, sans offrir la possibilité d’un échange. Hier, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, s’est finalement rendue en Uruguay pour sceller l’accord controversé.
Tilly Metz, membre du groupe des Verts/ALE, commente :
«Le changement climatique progresse inexorablement et pourtant la Commission européenne veut adopter un accord qui va accélérer la déforestation en Amazonie et dans d’autres régions à protéger – sans consulter le Parlement européen et sans donner accès à suffisamment d’informations. À une époque où l’instabilité politique n’a jamais été aussi élevée, nous ne pouvons pas nous permettre de diviser davantage l’UE pour le seul bénéfice d’une poignée d’industries.
Il y a quelques mois seulement, Madame von der Leyen a tout tenté pour apaiser les agriculteurs européens pendant les manifestations et elle ne fait maintenant qu’alimenter la pression concurrentielle, car les normes environnementales et sociales plus faibles dans les pays Mercosur ne seront pas adaptées du jour au lendemain.
En matière de transparence, la Commission européenne a une fois de plus échoué lamentablement, et ce bien que les traités prévoient une coopération transparente entre les institutions de l’UE et qu’il soit officiellement établi que les propositions de textes de négociation pour les revenus internationaux doivent être transmises aux institutions concernées. Une grande déception, si peu de temps après l’entrée en fonction de la nouvelle Commission. Je peux seulement dire : Chapeau, Madame von der Leyen ! ».
Au niveau de la politique nationale, l’accord du Mercosur est déjà discuté depuis la déclaration de Xavier Bettel sur la politique étrangère depuis mi-novembre. Le ministre des Affaires étrangères avait déclaré que le gouvernement avait besoin de « garanties supplémentaires » de la part de la Commission européenne, mais il a refusé de dire clairement de quelles garanties il s’agissait. Suite à cela, « déi gréng » a déposé une motion dans la Chambre pour conditionner l’accord du gouvernement au respect de l’accord de Paris sur le climat et au respect de normes minimales dans les domaines de la protection de l’environnement, des droits des travailleurs et de la protection des consommateurs et de l’agriculture.
Sam Tanson, porte-parole parlementaire de Sensibilité politique (Verts), commente :
« Nous regrettons que le gouvernement n’ait pas été disposé, à notre demande, à s’engager clairement en faveur de la protection du climat et de l’environnement ainsi que de la protection des travailleurs, des consommateurs et des agriculteurs européens. Les discussions avec l’agriculture et l’industrie qui ont lieu ces jours-ci sont importants, mais le gouvernement devra bientôt dire clairement dans quelle direction il entend aller. Malgré le rejet de notre motion, nous attendons du gouvernement qu’il n’approuve pas l’accord de libre-échange si les conditions-cadres ne sont pas réunies ».
Stéphanie Empain, coprésidente de déi gréng, ajoute :
« Les accords commerciaux peuvent être un outil précieux pour la coopération et le progrès internationaux. Mais il est inacceptable qu’en 2024, l’UE conclue encore des accords qui ignorent nos propres normes. C’est une gifle pour les agriculteurs européens qui produisent chaque jour nos aliments en respectant des exigences strictes en matière de protection de l’homme, de l’animal et de l’environnement. Vendre les acquis économiques et sociaux de l’Europe est injuste et à courte vue ».